Je suis une rêveuse.
Dans mes « peintures de rêve », le monde est doux, coloré et pur comme j’aurais voulu qu’il soit et cela m’a donné la force de le contempler tel qu’il est.

Le beau, le pur, sont d'abord un travail intérieur : la moindre émotion négative ternit cette intention… La beauté et la pureté sont si fragiles !

Mais cette manière d’être est ma planche de salut, mon refuge, ma voie de découverte du monde et de moi-même, ma route de lumière. Parcours obligé, voie spirituelle: une vocation.

Je découvre très tôt que l’inspiration, ma muse, est ma meilleure amie. Nous entretenons toutes les deux depuis longtemps un échange fécond et vivifiant.

A l’origine, ce sont des dessins aux encres de couleurs, plutôt des illustrations. Ils sont plastifiés pour en accentuer la luminosité. Puis la peinture sous verre s’impose à moi, grâce aux peintres Yougoslaves. Le verre intensifie les couleurs qui sont préservées mystérieusement derrière lui. Cet aspect magique était tout naturellement recherché dans l’élaboration des sujets religieux traditionnels liés à cette technique. Première expo à la Galerie Helmina, à Strasbourg en 1974. La chance souriant aux débutants, tout est vendu. Les fixés sous verre conviennent à mon expression, les paysages de rêve, certains très naïfs au début, se succèdent. Ils sont un peu exposés en Alsace mais surtout achetés par un collectionneur allemand : Max Seidel. Ce monsieur écrit un livre sur la peinture sous verre et en voyant une de mes peintures au Musée d’Imagerie Populaire de Pfaffenhoffen, commence à s’intéresser à ce que je fais. Il organise une exposition au Werdenfelser Museum à Garmish en 1979. Presque toutes mes peintures partent en Allemagne entre 1977 et 1981. Voir photos et articles de presse.

La technique des fixés sous verre étant très contraignante (on commence par les détails et on termine par le fond et de plus, derrière le verre), il y a seulement 200 peintures environ de cette époque.

Cette période est heureuse et je me suis exprimée pleinement grâce à la peinture sous verre mais le mélange des éléments naïfs et fantastiques contenu dans mon expression ne me permet pas de trouver ma place dans le monde de l’Art.

1981, année charnière : l’obligation d’évoluer pour continuer à avancer.

Je décide de peindre sur toile et d’adopter le pseudonyme de BAUMGARTEN.

Plus de thèmes ésotériques ni d’inquiétude métaphysique désormais dans ces toiles. Cela me permet de prendre de la distance avec moi-même et de trouver une grande satisfaction à m’exprimer plus légèrement et plus simplement.

BAUMGARTEN est « le peintre de la réalité rêvée » … "Il" peindra mes promenades romantiques du bord du Rhin, les forêts profondes et luxuriantes, les eaux tranquilles et les villages, les fleurs, les jardins, les chats, les blés, la poésie du quotidien, les scènes variées des saisons, le charme des paysages de France et d’ailleurs. J’ai jeté mes innombrables souvenirs et envies de nature préservée sur les toiles avec beaucoup de joie et d’amour, c'était une création instinctive et sentimentale, comme une plongée dans un vivier d’images fertiles… Qui m’a plu… et qui a plu ! Nombreuses expositions en France, tout est toujours vendu, heureuse époque ! 1982- 1986 : 250 toiles et quelques fixés . Voir photos ici.

1986, Paris et son absence de verdure… Mes toiles deviennent plus évanescentes et encore plus « nature ». Au Japon, ils aiment… beaucoup ! Je continue de vivre dans mon rêve et j’y suis bien. 1986- 2000 : près de 600 autres toiles partent là-bas. Voir les toiles disponibles.

Cette période prend fin en 2000 après quelques années de répétition. Le vivier serait-il tari ?

J’élimine les détails de mes peintures, les formes redeviennent plus stylisées, les couleurs plus fortes comme au temps de la peinture sous verre. Période des « Paysages de Haute Provence ». Voir les toiles ici. Quelques expos locales ne me permettent pourtant pas de retrouver l’enthousiasme. Serait-ce l’impasse ?

Il m’est néanmoins impératif de continuer de créer.

La Laoupi, une ancienne ferme, presque le bout du monde, presque une île…le soleil -implacable, les vents -forts, le ciel- immense, la terre- pauvre, les promenades sur le plateau où l’on ne rencontre presque jamais personne, le désert…le silence…le recueillement…l’austère beauté de ces paysages aux formes dépouillées…la lumière si forte et toujours changeante… la solitude de l’atelier. Tout y incite au dénuement et à l’essentiel. Abandonner toujours plus, trier, jeter, débarrasser, brûler, contempler le feu et se laisser gagner par le plaisir du vide. Réfléchir mais surtout ne plus penser, ressentir ! Observer les nuages se faire et se défaire, les ondulations des blés, la danse de la forêt sous le vent, les taches de lumière sur les champs, être un avec la nature… voir autrement. Se décanter encore et encore.

Passer du noir, un jour, sur de vieux croquis de mon ancienne vie de peintre de rêve… Le plaisir de découvrir ce noir: ma muse est toujours là !

Je me débarrasse des souvenirs du passé, ma peinture devient plus abstraite.

Se recentrer ; retrouver l’assise, le centre de gravité.

Se reconstruire ; retrouver la vie, plus loin, plus profond. Le besoin de faire plus grand.

Renaître.

« Les Kaleidos, peintures de guérison » voient le jour. Kaleidos mios, mes belles formes à moi : de l’énergie à l’état pur. Travailler avec des couleurs primaires, des formes simples. 2004-2007: 3 ans de ma vie pour 25 toiles. Voir quelques toiles ici.

L’énergie contenue m’est renvoyée : je peux à présent affronter le côté sombre de mon inspiration et l’utiliser pour ma peinture.

Création-destruction-recréation. Construction-déconstruction.

2007-2009. Accepter le hasard dans ma peinture…Accepter le sombre, le noir, les formes morcelées, saccagées, déconstruites…le chaos et la destruction. Est-ce moi, ça aussi ? Plongée dans l’inconnu.

2009-2012 : Pouvoir s’approprier ces ruines, les aimer, les faire miennes. Les faire renaître pour de nouvelles compositions abstraites. Palimpsestes: peintures sur papiers noirs.

« Création sur cendres et ruines » petite exposition à Séguret nov. 2012. Voir quelques peintures ici.

Et la vie de peintre continue…………………………………….. Le vivier est à nouveau rempli d’ombre et de lumière… de formes multiples et changeantes… de vide abyssal… de noir et de couleurs……………